La malbouffe est probablement directement impliquée dans les épidémies de diabète, d’obésité et de maladies cardiovasculaires qui sévissent dans nos sociétés modernes. Afin d’en limiter les effets, plusieurs pistes sont envisagées : taxations des aliments délétères, augmentation du bio, amélioration des conditions d’élevage, traçabilités, etc. La Roumanie prend les devants et a annoncé début janvier vouloir taxer la malbouffe.

 La Roumanie, comme la plupart des sociétés occidentales, est confrontée à un boom de l’obésité, qui touche près d’un adulte sur 4 et se développe également chez les enfants. D’après une étude réalisée par l’Institut de Santé Publique de Bucarest, le nombre de cas d’obésité à l’école primaire a doublé au cours des 8 dernières années ! Principales raisons avancées, à l’instar des explications données en France pour expliquer le même phénomène : les mauvaises habitudes alimentaires. “Les enfants et adolescents en surpoids ou obèses consomment plusieurs fois par jour des hamburgers, des bonbons et des boissons gazeuses“, selon le Dr Aurelia Cordeanu, auteur du rapport et interrogée par le journal roumain Adevarul (1). Plusieurs études ont d’ailleurs démontré que les boissons gazeuses favorisaient la survenue de l’obésité (2). Le ministre de la Santé Cseke Attila, comme l’a rapporté le Figaro le 5 janvier (3), a annoncé vouloir taxer ces 3 catégories d’aliments à partir du 1er mars 2010 : fast-foods, fabricants de boissons gazeuses et de bonbons devront donc s’acquitter d’une somme dont le montant reste encore à définir. Le gouvernement roumain en attend 1 milliard d’euros, qui seront affectés à l’amélioration des structures de soins roumaines (informatisation, amélioration de l’offre de soins de premier recours, etc.). Selon Mr Attila, “les fast-foods sont devenus une habitude pour les Roumains. Nous devons faire quelque chose pour limiter la consommation de ces produits qui sont nocifs pour la santé“ (1). 

Cette idée de taxe sur la malbouffe n’est pas nouvelle : l’OMS avait dès 2003 émis cette hypothèse, et plusieurs Etats américains taxent déjà les boissons gazeuses. Le gouvernement d’Obama étudierait également actuellement une “Fat tax“, afin de tenter d’enrayer la progression galopante de l’obésité aux Etats-Unis. Néanmoins, cette taxation roumaine serait une première en Europe. A l’inverse en France, le gouvernement

avait rejeté en 2008 une telle taxation, arguant de son impact sur le pouvoir d’achat des Français. De même l’interdiction de la publicité pour la malbouffe dans les émissions pour enfants a été repoussée au printemps dernier lors du vote de la loi Bachelot. Par ailleurs, la TVA sur la restauration rapide est toujours de 5,5 %, taux faible contestable alors qu’en France, Mc Donald’s voit passer plus d’1 million de clients par jour !
 
 Sans parler des dérives de l’agriculture intensive, particulièrement pratiquée en France. Ces dérives ont été récemment détaillées

dans le livre “Vive la malbouffe !“.
 
 Bien que la prévention et la prise en charge de l’obésité aient été exclues du champ d’action de la récente loi Bachelot, la situation devrait évoluer dans les mois qui viennent. Anne de Danne a en effet remis le 17 décembre à Nicolas Sarkozy un

rapport sur la prévention et la prise en charge de l’obésité.
 
 Ce rapport, faisant suite aux travaux d’une commission multidisciplinaire, a été “salué par le Président de la République“ et devrait être suivi d’un “plan à 3 ans destiné à infléchir la progression de l’obésité dans notre pays“ (4). Attendons d’en connaître les dispositions…
 
 Dépassera-t-on les simples déclarations d’intention (comme l’

engagement récent de Nestlé à diminuer les aliments nocifs de son catalogue), pour vraiment agir contre les facteurs favorisants de l’obésité, à commencer par une lutte efficace contre les prix plus faibles de la malbouffe, comparativement à ceux des aliments plus sains ?
 
 Jean-Philippe Rivière Sources : (1) Plusieurs articles sur la taxe sur la restauration rapide, site du journal roumain Adevarul, janvier 2010,

accessible en ligne (en roumain) (2) “Intake of sugar-sweetened beverages and weight gain: a systematic review“, Malik VS et coll., American Journal of Clinical Nutrition, Vol. 84, No. 2, 274-288, août 2006,

téléchargeable en ligne (en anglais) (3) “La Roumanie veut taxer la malbouffe“, Lefigaro.fr, 5 janvier 2010,

accessible en ligne (4) “Remise du rapport de Mme Anne de DANNE sur la prévention et la prise en charge de l’obésité“, page Facebook de Nicolas Sarkozy – Comité de soutien 2012, 17 décembre 2009,

accessible en ligne
 
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