Prescrit jusqu’en 1977 en France contre les fausses couches, le distilbène a entraîné chez les femmes exposées dans le ventre de leur mère de nombreux problèmes liés à la fertilité et à l’apparition de certains cancers. Ces risques sont aujourd’hui confirmés par une vaste étude américaine.Distilbène : des effets dramatiques chez les femmes exposées in utero… et leurs enfants

Prescrit contre les fausses couches à des millions de femmes dans le monde depuis 1948, le distilbène a rapidement suscité des inquiétudes quant à son efficacité et à ses conséquences. Une étude publiée dans les années 70 rapportant des cas d’adénocarcinome du vagin à cellules claires (forme de cancer) conduit les États-Unis à interdire ce produit dès 1971. Une interdiction que la France ne décidera qu’en 1977. Mais les effets secondaires du distilbène ne se limitent pas à cette seule complication chez les jeunes filles exposées in utero, ils sont multiples et peuvent même toucher la troisième génération.Le 18 juin 2011, le colloque “Distilbène/Médiator, 1977–2009, 2 époques, 2 scandales… Et demain ?“ organisé par l’

association Les Filles DES avait permis au Pr. Bernard Blanc, gynécologue-obstétricien de faire le point sur l’état actuel des connaissances sur les troubles génitaux des enfants Distilbène. Pour en savoir plus, lire notre article “

Les anomalies génitales des filles DES“. Aux États-Unis, une très large étude suivant 4 653 femmes exposées in utero a permis d’évaluer plus précisément ces risques. Une augmentation du risque de cancerBien que les conséquences de l’exposition au distilbène in utero soient de mieux en mieux étudiées, il n’existait jusqu’alors pas d’évaluation de ce risque. C’est désormais chose faite avec l’étude conduite par l’équipe du Pr. Robert Hoover qui a regroupé les résultats de trois cohortes de femmes traitées durant leur grossesse dans les années 70 et suivies jusqu’alors. Au total en comparant 4 653 femmes exposées in utero et 1 927 femmes non exposées, les scientifiques ont pu évaluer le risque cumulé de développer certains effets secondaires jusqu’à l’âge de 45 ans pour les problèmes de reproduction et jusqu’à 55 ans pour les autres. Et les résultats sont édifiants :

Effets secondaires Risque multiplié par (Hazard ratio) Infertilité 2,37 Avortement spontané 1,64 Accouchement prématuré 4,68 Avortement du 2e trimestre 3,77 Grossesse ectopique 3,72 Pré-éclampsie 1,42 Mort-né 2,45 Ménopause précoce 2,35 Néoplasie cervicale intra-épithéliale de grade supérieur à 2 2,28 Cancer du sein avant 40 ans 1,82 Mort néonatale 8 Adénocarcinome à cellules claires du vagin 40

Bien que les filles exposées in utero au DES aient un risque 40 fois plus important de développer un adénocarcinome à cellules claires du vagin que les femmes non exposées, cette maladie reste très rare, survenant chez une fille exposée au DES in utero sur 1 000.Un risque proportionnel à la dose et à la précocité de l’exposition in uteroAlors que les premières femmes diagnostiquées avec cette maladie dans les années 1960 étaient des adolescents et jeunes adultes au moment de leur diagnostic, la recherche montre maintenant que le risque pour les filles exposées au DES continuent au moins jusqu’à 40 ans. En outre, ces femmes sont deux fois plus susceptibles de développer des cellules pré-cancéreuses au niveau du col de l’utérus ou du vagin (appelée néoplasie intraépithéliale cervicale) et ont 80 % de risque supplémentaire de développer un cancer du sein après 40 ans. Selon les résultats de cette étude, à 55 ans, 1 fille exposée au DES sur 25 développera des anomalies cellulaires au niveau col ou du vagin, et 1 sur 50 développera un cancer du sein en raison de leur exposition au DES. Le risque de complications est plus important chez les femmes exposées in utero qui ont reçu de plus forte doses et les ont reçu lors des premiers stades de développement.Les auteurs précisent que les conséquences de l’exposition in utero du DES chez les fils n’ont pas été étudiées, mais de précédentes études ont rapporté un risque accru d’anomalies testiculaires, y compris une cryptorchidie (testicules non descendus) ou le développement de kystes dans les épididymes (lieu de conservation et de maturation des spermatozoïdes). A mesure que ces enfants grandiront, des données supplémentaires seront disponibles pour évaluer leur risque de cancer. Jusqu’alors, la recherche n’a pas montré de diminution de la fertilité chez ces hommes, même en cas d’anomalies testiculaires.Ce travail permet de mieux évaluer les conséquences probables à long terme d’une exposition in utero au DES et ainsi de mieux organiser la surveillance et la prise en charge de ces femmes actuellement en âge d’avoir un enfant (les dernières prescriptions ne datant que de 34 ans en France).Le suivi américain se poursuit afin d’évaluer les risques de ces femmes alors qu’elles atteignent la ménopause. Les possibles sur-risques de cancers pour les filles et les fils sont également étudiés, tout comme les conséquences sur la santé des petits-enfants des mères ayant pris ce médicament durant leur grossesse.David BêmeSource :Adverse Health Outcomes in Women Exposed In Utero to Diethylstilbestrol – Robert N. Hoover et al. – N Engl J Med 2011; 365:1304-1314 – October 6, 2011 (

abstract accessible en ligne)Click Here: cheap Cowboys jersey