Le 4 octobre 2014, Aung Kyaw Naing, également connu sous le nom de Par Gyi, a été tué alors qu’il était détenu par l’armée birmane. Selon les militaires, l’un de leurs membres aurait abattu le journaliste alors qu’il tentait de s’emparer de l’arme d’un des gardes, lors de son interrogatoire.
La mort tragique du journaliste freelance , également connu sous le pseudonyme , rappelle aux journalistes birmans le règne autoritaire de la junte, officiellement dissoute en 2011. Reporters sans frontières présente ses condoléances à la famille et aux proches du journaliste.
Le journaliste a été arrêté alors qu’il enquêtait sur le regain de tensions entre l’armée régulière birmane et l’armée bouddhiste démocratique Karen (DBKA), dans l’état de Môn, au sud est du pays. L’armée suspectait le journaliste d’être un membre du mouvement rebelle sécessioniste de l’état Karen, adjacent à l’état Môn. De fausses informations ont circulé en ligne pendant plusieurs jours, y compris des photos de membres de la DBKA “identifiant” à tort Aung Kyaw Naing comme membre actif du groupe armé.
“Ce meurtre est l’illustration tragique du pas en arrière effectué par les autorités birmanes depuis un an, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique à Reporters sans frontières. Alors qu’approche la Journée internationale contre l’impunité des crimes contre les journalistes, les autorités doivent faire toute la lumière sur cette affaire.”
“Nous rappelons au gouvernement birman l’importance de lutter contre l’impunité, déclare Lucie Morillon, directrice des programmes de l’organisation. L’année dernière, nous avons interpellé le Président birman Thein Sein, et le Vice ministre du Ministère de l’information, Ye Htut, sur le travail nécessaire d’identification des responsables des crimes commis par l’armée contre les journalistes birmans et étrangers durant les années de la junte. Ce travail est vital pour favoriser un changement de mentalité et responsabiliser les forces de sécurité”, ajoute-t-elle.
Aung Kyaw Naing a disparu le 30 septembre dernier. Son épouse a alerté les médias dans les jours qui ont suivi. Ce n’est que le 25 octobre que l’armée a indiqué au conseil de la presse qu’Aung Kyaw Naing avait été tué trois semaines plus tôt et avait déjà été enterré.
De fausses allégations sur son appartenance à l’armée Karen ont circulé en ligne après les révélations du Conseil de la Presse. Ce journaliste freelance couvrait régulièrement les tensions ethniques présentes dans le sud du pays, à proximité de la frontière avec la Thaïlande. Il travaillait pour plusieurs médias dont le Yangon Times, Eleven Media, et The Voice.
La Birmanie occupe le 145e rang sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.