De nombreuses personnes souffrent d’une myopie plus ou moins importante, ce qui nécessite le port de lunettes, de lentilles ou une opération. Alors que ce trouble de la vision est de plus en plus fréquent et que l’hérédité influence sa gravité, plusieurs études scientifiques ont permis, pour la première fois, de mettre en évidence l’implication d’un gène.
Environ un Français sur 4 souffre de la
myopie, une déformation de l’oeil qui empêche de voir correctement de loin. Les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à souffrir de myopie forte. L’allongement du globe oculaire a pour conséquence de bomber la cornée et le cristallin. Les rayons lumineux convergent alors non pas directement sur la rétine, mais légèrement en avant. L’image transmise au cerveau par le nerf optique n’est qu’imparfaitement restituée et le myope a une vision floue du monde qui l’entoure.La myopie simple peut commencer à se manifester entre l’enfance et l’adolescence, et évolue au gré de la croissance pendant 4 à 8 ans pour se stabiliser vers vingt ans. Les deux yeux sont touchés de façon relativement égale. Quelques signes ne trompent pas : les enfants froncent les sourcils pour
mieux voir, lisent le nez collé sur leurs livres ou se rapprochent de la télévision pour la regarder. La myopie peut également être d’ordre pathologique, due à des lésions du fond de l’oeil d’origine vasculaire. Son évolution dure alors toute la vie et l’atteinte à la vision est importante, de l’ordre de 20 dioptries voire plus.Si la plupart des cas de myopie sont assez légers, 2 à 3 % des cas sont en revanche pathologiques et entraînent un
décollement de la rétine, un saignement de la macula et un
glaucome prématuré, pouvant conduire à la cécité.On sait que l’hérédité est un facteur aggravant dans la survenue de la myopie. En effet, un enfant dont les deux parents ont besoin de lunettes a toutes les chances de devoir en porter à son tour. Mais à ce jour, aucun gène n’avait encore été identifié.Découverte du gène RASGRF1C’est désormais chose faite. Dans les travaux qu’ils ont menés dans un premier temps auprès d’une cohorte de jumeaux, puis ensuite auprès de 13 414 adultes, et dont les résultats sont mis en ligne sur le site de la revue Nature Genetics, les chercheurs du Duke University Medical Centre ont en effet découvert que le gène RASGRF1 était fortement associé à la myopie. “Comme RASGRF1 est fortement exprimé dans les neurones et la rétine, ce gène est crucial pour la fonction rétinienne et la consolidation de la mémoire visuelle“, explique le Dr Terri Young, ophtalmologue, pédiatre et médecin et chercheur au centre de génétique humaine de l’université Duke. Pour confirmer cette découverte, l’équipe du Pr Young, en collaboration avec l’équipe du Dr Pirro G Hysi, du département de recherche sur les jumeaux et d’épidémiologie génétique au Kings College de Londres, ont créé des souris dépourvues du gène RASGRF1 : ils ont alors observé des déformations de leur cristallin.Dans le cas de la myopie, la découverte d’une origine génétique est particulièrement intéressante, estime le Pr Young. “L’il est un organe de choix pour la thérapie génique, car son faible volume et le fait qu’il soit fermé permettent au traitement de rester localisé à l’intérieur de l’il dans un volume très concentré. En outre, l’accessibilité à l’il permettent aux médecins d’observer les effets du traitement sur la durée à l’aide de méthodes non invasives comme l’illumination de la rétine et des autres structures oculaires“.Le Pr Young a par ailleurs collaboré avec une équipe du Department of Ophthalmology, Erasmus Medical Center, à Rotterdam (Pays-Bas), et identifié deux autres gènes associés à des problèmes de réfraction, augmentant jusqu’à 83 % le risque d’en souffrir. Il a enfin dirigé une autre étude qui a permis de mettre en cause le gène CTNDD2 dans des populations chinoises et japonaises souffrant de myopie. Dans ces populations, la prévalence de ce trouble visuel est très élevée, atteignant 80 % de la population à Singapour.L’augmentation des cas de myopie s’explique principalement par nos modes de vie, explique le Pr Young.“De nos jours, notre travail de près (lecture de journaux, travail sur écran) force nos yeux à être constamment sous tension pour mettre au point les objets de près. Nous regardons aussi la télévision, travaillons dans des villes avec des immeubles élevés, conduisons dans les embouteillages et avons finalement peu d’occasion de regarder de loin, particulièrement dans les villes. Ces facteurs affectent les enfants dont la vision est en plein développement, mais aussi de nombreux adultes“, assure le chercheur. Selon ce dernier, le meilleur antidote à la myopie serait d’“aller dehors et de regarder l’horizon“.Amélie PelletierSourcesNature genetics, A genome-wide association study for myopia and refractive error identifies a susceptibility locus at 15q25, Terri L. Young et Pirro G Hysi
( abstract accessible en ligne).Nature Genetics, A genome-wide association study identifies a susceptibility locus for refractive errors and myopia at 15q14, Abbas M Solouki & Virginie J M Verhoeven
(abstract accessible en ligne).Click Here: New Zealand rugby store