Une étude préliminaire suggère que les femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire pourraient bénéficier des nouveaux traitements d’immunothérapie s’ils sont donnés après la chimiothérapie. La conclusion des chercheurs anglais basée sur des échantillons de tumeurs de patientes opérées, devra néanmoins être confirmée dans un essai clinique. Si tel est le cas, cela permettrait de mieux appréhender le traitement de ce cancer mais également d’autres tumeurs.
Une étude anglaise suggère que face au cancer de l'ovaire, la chimiothérapie pourrait augmenter l'efficacité des immunothérapies.
L’immunothérapie peut-elle être utile face au cancer de l’ovaire ?Le cancer de l’ovaire est redoutable à plus d’un titre : premièrement parce qu’il est découvert à un stade tardif alors qu’il s’est déjà propagé à d’autres organes ; deuxièmement, bien qu’il semble répondre dans un premier temps à la chimiothérapie, les rechutes/récidives sont très fréquentes et plus difficiles à traiter. Face à un pronostic qui reste très sombre, les chercheurs explorent plusieurs pistes de recherche, parmi lesquelles la possibilité de recourir à des immunothérapies comme
nous le précisait le Pr. Jean-Marc Classe.Des recherches conduites chez la souris ont suggéré que la chimiothérapie permet de détruire les cellules cancéreuses mais stimule également les cellules immunitaires capables d’attaquer la tumeur. “Nous avons voulu savoir si cela était également vrai chez les patients cancéreux, et si cette réaction avait lieu avec la chimiothérapie utilisée pour traiter les femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire“, précise le Pr. Frances Balkwill du Barts Cancer Institute au Queen Mary University of London, principal auteur de l’étude.La chimiothérapie pourrait favoriser l’action des immunothérapiesPour cela, l’équipe du Pr. Balkwill a recueilli des biopsies et des échantillons de sang avant et après chirurgie chez de 54 patientes atteintes de cancer de l’ovaire avancé qui ont reçu une chimiothérapie à base de platine néoadjuvante (donnée avant la chirurgie) et chez 6 patients qui ont été opérées sans avoir eu de chimiothérapie préalable.Après des analyses poussées en immunohistochimie et séquençage ARN pour étudier le microenvironnement de la tumeur, les chercheurs ont montré que :
- Chez les patientes ayant reçu une chimiothérapie, il y avait des preuves d’activation de certains types de cellules immunitaires (
lymphocytes T) capables de lutter contre les cellules cancéreuses. Ces résultats ont été plus prononcés chez celles qui avaient bien répondu à la chimiothérapie, par rapport à celles qui avaient eu une mauvaise réponse à la chimiothérapie.
- La chimiothérapie a réduit les taux sanguins de certaines cytokines inflammatoires – des molécules qui favorisent la croissance du cancer – revenant à des niveaux normaux chez les patients.
- Mais les cellules cancéreuses ont activé leurs défenses contre les cellules immunitaires en présentant des niveaux plus élevés d’une protéine appelée PD-L1. Cette protéine va se lier avec PD-1 situé à la surface des lymphocytes et va les inactiver.
Aujourd’hui, plusieurs composés d’immunothérapie sont capables d’agir à ce niveau en bloquant soit PD-1 au niveau des lymphocytes (comme le
pembrolizumab qui change le pronostic du mélanome avancé), soit PD-L1 au niveau des cellules cancéreuses (comme
l’atezolizumab en passe de changer le pronostic du cancer de la vessie).Des résultats préliminaires potentiellement utiles pour d’autres cancersSi les nouveaux médicaments d’immunothérapies sont en passe de changer le pronostic de certains cancers, plusieurs questions restent en suspens : Qui sont les patients qui peuvent en bénéficier (tous ne répondent pas au traitement) ? Chez quels patients des associations sont-elles nécessaires ? Quels types d’associations envisagées (avec chimiothérapie, radiothérapie, thérapies ciblées, autre immunothérapie…) ? En cas d’associations, dans quel ordre administrer ces médicaments ?Si les résultats de cette étude britannique sont confirmés dans le cadre d’une étude clinique, alors ils apporteront un élément de réponse, en précisant que l’immunothérapie agissant sur la voie PD1/PD-L1 est plus susceptible d’être efficace après une chimiothérapie, comme le souligne le Pr. Balkwill, “notre étude suggère que pour obtenir les meilleurs résultats, on doit donner des médicaments d’immunothérapie juste après la chimiothérapie mais également des médicaments capables de bloquer PD-L1. Des essais cliniques sont actuellement en cours pour valider cette hypothèse. La même approche pourrait être étendue à d’autres types de cancers soignés avec les mêmes composés de chimiothérapie (NDLR : carboplatine et le paclitaxel), comme le cancer du poumon“.Click Here: Golf special